Il n’a pas pu vous échapper que les lycéens étaient en plein baccalauréat. Pour les collégiens, le brevet se prépare pour la fin du mois. Mais c’est aussi le début de la saison estivale, avec la fête de la musique, le solstice d’été, et le soleil qui tape. Les élèves des classes élémentaires profitent des récréations prolongées avant que la dernière cloche ne sonne les fameuses grandes vacances. Et si c’était dans cette cour que se forgeaient les premiers réflexes commerciaux de notre progéniture ?
Si vous êtes parent, frère, sœur, tante, oncle, ou enfant (il n’est jamais trop tôt pour s’informer, tu as raison Kévin), vous avez dû remarquer qu’être élève à l’école primaire a un coût. Je passerai sur les problématiques vestimentaires, qui sont davantage liées à une volonté d’appartenance et de monstration. Nous sommes là pour parler de commerce, et je refuse de croire que les enfants qui échangent leur sweat ou leurs baskets sont majoritaires.
La cour de récréation aux mains du marketing ?
Les grands films ont la particularité de ne jamais sortir seuls : une floppée de goodies n’est jamais bien loin, et dieu sait que les enfants adorent ça. Les adultes aussi. En tout cas j’adore. Les célèbres cartes Panini se multiplient à chaque nouveau blockbuster : Jurassic World ou encore Avengers, exemple pour lequel vous pouvez observer que de nouvelles cartes sont sorties en 2013, puis en 2015. Ces cartes sont bien plus qu’un effet de mode : il est nécessaire de les avoir si vous voulez avoir un moyen de pression, une monnaie d’échange.
La mode du hand spinner n’a pas pu vous échapper non plus. Vous savez ces gadgets qui tournent sur eux-mêmes. Initialement pensés pour calmer les personnes stressées, cet objet a fait un buzz énorme, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Si on voyait un intérêt relatif à avoir un Tamagotchi, comme apprendre à nettoyer un caca inodore, ou découvrir les rudiments de la procréation par connexion infrarouge, il est vrai que la mode du hand spinner reste un mystère. Peut-être est-on face à l’outil qui réduira la dépression à néant et offrira au monde une génération zen et positive. Et nous le sous-estimons totalement.
Quand les élèves utilisent l’économie
Sous prétexte de monter une collection se crée un réel microcosme commercial : les enfants apprennent les lois de l’offre et de la demande dans un contexte plus ou moins ludique. Prenons l’exemple des billes : les échanges sont basés sur des valeurs plus ou moins subjectives attribuées aux différentes billes. Pour obtenir une bille rare, il faudra l’échanger contre une autre bille rare, ou contre pléthore de billes insipides. Et encore, ce n’est pas sûr que la transaction soit acceptée.
Pour les feuilles Diddle il en va de même : ma collègue, à l’origine de cette discussion autour du commerce de la récréation, nous expliquait sa folle théorie. Plus une feuille Diddle est rare, plus elle a de valeur. Donc elle achetait un carnet de feuilles rares, qui ne seraient plus rares, une fois sur le marché. Mais elle cachait le fait d’avoir un carnet, afin d’avoir des feuilles très rares. Il fallait donc mettre très peu de feuilles rares sur le marché tant que le subterfuge était à l’oeuvre. Ensuite, c’était open bar pour écouler le stock. Cette malice l’a accompagnée toute sa scolarité : elle étudie désormais à Sciences Po. Bravo à elle.
De la récréation à la vocation
On se demande souvent s’il faut céder aux tentations de la récréation. En tant que personne sans enfant, j’aurais tendance à dire oui. J’ai bien conscience que ça constitue un trou dans votre budget, mais essayez de l’expliquer à votre enfant : peut-être développera-t-il l’âme d’un comptable ou d’un banquier !
Il est important que l’enfant s’intègre dans cette mini-société qu’est la cour de récréation. Il y découvrira les inégalités, certes, mais apprendra aussi à les déjouer, et même à en jouer. Des vocations sont peut-être nées dans cette cour de récré, bien qu’elles ne soient pas toujours apparues consciemment aux personnes concernées. Pour ma part, j’ai toujours aimé aider les autres à régler leur problème et à trouver un terrain d’entente. Peut-être que ma volonté de travailler dans les ressources humaines est venue de là.
Finalement, peut-être que lorsque le choix de l’orientation sonne le glas des années heureuses et insouciantes, il faut justement revenir vers elles pour se rendre compte de ce qui nous motive vraiment. Et si c’était dans les comportements instinctifs qu’une carrière professionnelle se crée, davantage que dans des algorithmes et des tirages au sort ?
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